portrait

Myriam Michel

Professionnelle en Environnement, Englobe

Mode(s) de transport utilisé pour se rendre au boulot: Autobus

Nombre de kilomètres parcourus pour un aller domicile-travail: 10 km

1. Pourquoi avoir choisi ce(s) mode(s) pour aller travailler et /ou pour faire vos déplacements professionnels?

Les gens qui circulent en automobile et qui sont quotidiennement pris dans le trafic routier me semblent otages de leur voiture. Le temps passé en autobus m’offre plus de liberté (je peux lire un livre par semaine environ grâce à ces moments!) et c’est moins stressant puisque je ne conduis pas. Ce choix me coûte moins cher que le transport privé individuel et je réduis mon empreinte écologique. De plus, le trajet en autobus a une durée similaire au trajet en voiture, donc toutes les raisons sont bonnes d’utiliser le transport collectif.

2. Pourquoi est-ce important pour vous d’utiliser un mode de transport durable pour aller au boulot?

Il s’agit pour moi d’être conséquente. L’automobile solo contribue à de multiples problèmes collectifs par rapport auxquels nous devons nous positionner individuellement et comme société. Le choix de mon mode de transport, puisqu’il est en harmonie avec ma façon de penser, est une façon de légitimer mes propos; j’affirme par mes dires et mes actions que l’alternative à l’automobile est non seulement souhaitable, mais possible également. Nous pensons souvent nos actions en termes individuels, alors que nous construisons ensemble les déterminants des choix de nos semblables. Il faut travailler ensemble pour bâtir un milieu de vie où les options de transport durable sont plus attrayantes, où nous n’avons pas tant d’automobiles au centre-ville que nous souhaitons habiter en banlieue pour fuir le bruit et la pollution, où aucun stationnement gigantesque ne crée d’îlot de chaleur, où les distances sont amoindries par une densification que permet le réaménagement des espaces souvent pensés pour l’automobile.

Je fais donc le choix de me déplacer en autobus pour aller au travail afin d’être cohérente avec mon désir de vivre dans une ville dense, saine et où il n’est pas nécessaire de posséder une automobile.

3. Qu’est-ce qui a changé dans votre vie depuis l’adoption de ce mode de transport?

J’ai toujours pris l’autobus, bien que j’en tire parti de façon différente selon les périodes. Dans les moments plus fatigants, prendre l’autobus est un temps d’arrêt, de contemplation et de présence où je m’octroie le droit de respirer sans devoir être productive. À d’autres moments, c’était plutôt mon option la plus économique pour me déplacer, ce qui me permettait de voyager et de travailler moins pendant mes études. J’ai toujours associé le transport à commun à une expérience positive.

4. Quel serait votre conseil à une personne qui n’ose pas essayer les transports durables pour se rendre au travail?

Penser le transport en commun comme du temps pour soi : une petite marche qui fait qu’on s’imprègne de notre milieu plutôt que de le regarder par la vitre, un moment pour souffler dans l’autobus, voire même pour lire un roman, tricoter ou méditer. Les quelques minutes additionnelles aux déplacements en comparaison à la voiture prennent alors toute leur valeur. C’est une façon d’avoir une routine qui nous oblige à ralentir un peu!

5. Souhaiteriez-vous partager une anecdote, ou encore un coup de cœur par rapport à votre trajet en transport durable?

Dans un environnement où le dictat de la productivité est omniprésent, prendre l’autobus peut être une bulle hors du temps; un(e) conducteur(trice) s’occupe de manœuvrer pendant que les passagers sont délestés de la responsabilité d’analyser les déplacements. Ce sont les rares moments dans une journée où des inconnus d’horizons divers et improbables sont assis ensemble dans un moment de pause. Tantôt les regards se croisent et un sourire est échangé, tantôt on entend une bribe de conversation et on devine un fragment de la vie d’autrui, pas si loin de notre réalité en dépit des apparences. De la simple politesse aux quelques phrases badines échangées, on accepte de partager ce moment et ce segment de notre quotidien avec des inconnus qui se transforment parfois en visages vaguement familiers. L’expérience est simple, mais riche en comparaison d’un trajet passé seul dans une voiture.