Planifier l’intermodalité à l’échelle municipale

13 mai 2021

Planifier l’intermodalité à l’échelle municipale

Comment favoriser l’utilisation des transports durables dans un contexte où les déplacements se sont complexifiés? Qu’en est-il du rôle de ces lieux où convergent une multitude de ces modes, dans un contexte municipal? Quelques réflexions sur le sujet.

Au fil du temps, les besoins en déplacement de vos citoyen·nes ont évolué. Ils ont gagné en importance. Et ils se sont complexifiés. Après tout, qui ne connaît pas quelqu’un qui a besoin de faire un arrêt à la garderie avant le travail?

L’automobile apparaît, pour plusieurs, comme la solution la mieux adaptée à leurs besoins de flexibilité. Parce qu’aucun horaire ou parcours particuliers ne lui sont associés. Parce que le réseau de transport en commun qui dessert votre territoire a de la difficulté, à lui seul, à répondre à tous les besoins de votre population en termes de mobilité.

Dans ce contexte, il est donc capital d’agir sur la compétitivité des transports viables dans votre municipalité. Ne serait-ce que pour vous assurer que tous vos citoyen·nes accèdent pleinement à la vie citadine. Que personne ne soit exclu faute de posséder une voiture.

L’intermodalité, une stratégie d’intérêt?

Votre territoire s’est sûrement développé en fonction de l’automobile. Comme c’est le cas un peu partout au Québec. Ce qui a contribué à faciliter l’usage de ce mode de transport.

Pour tenir compte de cette géographie et de ce caractère plus complexe des besoins en déplacement de vos citoyen·nes, vous pourriez miser sur l’intermodalité. Grosso modo, cela réfère à l’utilisation, par un individu, de deux modes de transport et plus dans un même déplacement.

Une façon de se lancer dans cette aventure est de mettre en place un pôle d’échanges intermodaux. Un endroit qui réunit physiquement une multitude de modes de transport, facilitant, du même coup, leur utilisation combinée. Par exemple, ce lieu pourrait inclure un arrêt d’autobus, un certain nombre de supports à vélo et un accès à des véhicules en autopartage.

Cette solution a d’ailleurs déjà été implantée à Carleton-sur-Mer. Des aménagements ont été réalisés à cet égard dans le stationnement de l’hôtel de ville et à proximité. Ainsi, les citoyen·nes peuvent avoir accès, en un seul endroit, à un arrêt d’autobus de la Régie intermunicipale de transports Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, à des supports à vélo et aux véhicules ainsi qu’aux bornes électriques de la Ville.

Comment implanter un pôle d’échanges intermodaux?

Vous l’aurez compris, un pôle d’échanges intermodaux peut se présenter sous différentes formes. Malgré tout, un certain nombre d’éléments doivent être pris en considération pour favoriser son succès à long terme. On vous en liste quelques-uns.

Évaluer les besoins actuels et futurs en transport

Avant de vous lancer dans l’implantation d’un pôle d’échanges intermodaux au sein de votre municipalité, il vous faudra avoir une idée claire des besoins de vos citoyen·nes.

Une analyse précise de l’environnement actuel et des données recueillies dans le cadre d’enquêtes vous permettra d’établir un diagnostic complet relatif à des éléments tels que l’évolution du quartier où votre pôle d’échanges sera implanté, la modification des besoins en transport de vos citoyen·nes et de l’offre en transport sur le territoire.

Il vous sera alors plus aisé d’établir des scénarios quant à l’évolution des besoins actuels et futurs. Et vous pourrez ainsi vous assurer de prévoir des infrastructures adéquates qui conviendront à chacun des modes de transport concerné.

Cette analyse vous permettra aussi d’assurer le succès de votre pôle d’échanges ou, du moins, sa fréquentation. À titre d’exemple, un nombre trop important de stationnements à vélo a tendance à déclencher un sentiment d’insécurité chez les cyclistes. Ces individus hésitent alors à laisser leur vélo à cet endroit puisqu’il semble toujours vide. Au contraire, une offre qui est plus restreinte en la matière découragera vos citoyen·nes à utiliser leur vélo puisqu’il n’y aura pas suffisamment d’espace pour le stationner.

Améliorer la perception relative à la correspondance

Comme vous le savez, on vit dans une société où tout va très rapidement. Chaque minute se doit donc d’être utilisée à bon escient. D’où la fameuse expression « le temps, c’est de l’argent ». Vos citoyen·nes appliquent cette même logique à leurs déplacements. En effet, plusieurs considèrent qu’effectuer une correspondance et changer de mode de transport sont des éléments qui leur apportent perte de temps et nuisance. Le temps d’attente est d’ailleurs perçu d’une façon particulièrement négative. L’individu a tendance à le percevoir comme 4,5 fois plus long que ce qu’il ne l’est en réalité.

Il vous faudra en tenir compte dans l’élaboration de votre pôle d’échanges intermodaux. Le succès de cette solution dépendra de votre capacité à faciliter la correspondance entre les différents moyens de transport.

Tout cela passe par la conception des lieux. Il vous faudra vous assurer que son design contribue à faciliter la vie des personnes qui en feront l’usage. Le pôle d’échanges devra, à la fois, être commode, confortable et sécuritaire. Il devra mettre en relation les modes de transport les uns avec les autres, d’un point de vue spatial. La distance parcourue au moment de la correspondance devra être réduite. Dans un monde idéal, elle devrait être de moins de 100 mètres. Il devra comprendre des aires d’attente confortables, incluant, par exemple, une protection contre les intempéries. Il devra aussi être sécuritaire en toute période de la journée et favoriser la marche.

Hiérarchiser les modes de transport

Il est de coutume qu’une certaine hiérarchisation des différents moyens de transport soit réalisée au sein d’un pôle d’échanges intermodaux. Simplement pour faciliter l’accès à chacun d’entre eux.

Effectivement, de façon générale, un pôle d’échanges vient se greffer autour d’un mode de transport qui se veut structurant. Dans le cas de votre municipalité, cela pourrait être autour d’un arrêt d’autobus. Par la suite, l’on retrouve les modes de transport actifs, dont le vélo. Vous pourriez ainsi installer des supports à vélo sécurisés à distance raisonnable de l’abribus, de sorte à inciter vos citoyen·nes à se sentir en sécurité d’y laisser leur vélo pendant une longue période de temps. Vous pourriez aussi envisager d’implanter votre système de vélopartage à cet endroit. Ensuite, l’on retrouve des espaces dédiés autant au covoiturage qu’à l’autopartage. L’automobile individuelle, quant à elle, trouve sa place en périphérie.

Opter pour une délimitation des espaces claire

Pour faciliter la correspondance, il faudra vous assurer de bien délimiter l’espace prévu pour chacun des modes de transport.

Lors de la conception du design de votre pôle d’échanges intermodaux, il sera nécessaire de prendre en considération le fait que chacun·e de vos citoyen·nes devient, à un moment ou à un autre, un·e piéton·ne. Ces personnes devront donc immanquablement circuler dans votre pôle d’échanges. Vous devrez donc vous assurer de favoriser la cohabitation des différents usagers de ces lieux. Il pourra être pertinent d’intégrer des cheminements piétonniers et cyclistes à votre pôle d’échanges à l’aide de marquage au sol, de bollards et de signalisation.

Par ailleurs, il vous faudra renseigner les usagers de votre pôle d’échanges quant à la localisation de chacun des modes de transport et à leurs horaires. Vous pourriez ainsi les identifier à l’aide de pictogrammes et implanter des panneaux d’informations à leur sujet.

Pour aller plus loin

Les éléments que nous vous avons présentés n’en sont que quelques-uns pour contribuer au succès d’un pôle d’échanges intermodaux dans une municipalité comme la vôtre.

Vous avez des interrogations sur certains d’entre eux? Ou vous aimeriez en savoir plus? Contactez-nous directement! Il nous fera plaisir de regarder tout ça avec vous.

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