portrait

Paul Szabo

Coursier à vélo et enseignant en anglais – Monquartier en boîte, Fastoche et Cégep Champlain St. Lawrence

Modes de transport utilisés pour les déplacements domicile-travail et professionnels : vélo utilitaire et vélo cargo

Nombre de kilomètres parcourus : variable, à travers les quartiers centraux de Québec (de Limoilou jusqu’à Sainte-Foy)

1. Pourquoi avoir choisi ces modes de transport pour vos déplacements domicile-travail et professionnels lors de vos heures de travail?

J’avais déjà une passion pour le vélo de plaisance (de route et de montagne). Après deux opérations au genou, je voulais reprendre l’entraînement et la santé, le vélo utilitaire était donc une opportunité de me remettre en forme. Je vis au centre-ville de Québec depuis 2012, j’ai donc intégré le vélo dans mes déplacements à l’épicerie et au travail, c’est plus écologique, plus économique, plus rapide et meilleur pour la santé. La poursuite de cette passion dans un contexte professionnel était donc la suite logique, apportant son lot de nouveaux défis. Je fais maintenant 15 à 20 heures de vélo par semaine et je n’ai jamais été autant de bonne humeur.

2. Pourquoi est-ce important pour vous d’utiliser un mode de transport durable au travail?

Depuis l’avènement de l’achat en ligne, nous entrons dans une nouvelle ère où les services de livraison se multiplient. Dans un marché où plus de 99 % des livraisons se font en camion cube ou en voiture, surtout à Québec, le vélo demeure assez marginal. Il a cependant l’avantage d’être beaucoup plus écologique et il s’avère tout aussi efficace, voire même plus en zone urbaine. On peut se faufiler et se stationner à des endroits où la voiture et le camion ne peuvent pas aller. Il est certain qu’on retrouve des automobilistes plus frileux quant à l’idée de voir des vélos se mêler à la circulation, mais la forte majorité des gens est assez compréhensive. Pour le faible pourcentage de ceux qui me partagent leur mécontentement, je leur explique que si je livrais en gros camion cube, je bloquerais davantage la circulation en m’immobilisant pour effectuer mes livraisons.

3. Qu’est-ce qui a changé dans votre vie depuis l’adoption de ces modes de transport?

Il y a une grosse polémique quant à la génération des baby-boomers, celle dont je fais partie, et la relation inséparable qu’ils entretiennent avec l’automobile. Je regarde mes parents et je crois cependant que les décisions que l’on prend dans la cinquantaine sont importantes pour notre santé à plus long terme. Je me sens beaucoup plus sain et en forme depuis que j’ai intégré le vélo utilitaire à mes occupations. Je trouve aussi que c’est plus accommodant pour le corps et que le risque de blessures est moindre par rapport à d’autres activités sportives comme la course à pied par exemple.

4. Quel serait votre conseil à une personne ou à une entreprise qui n’ose pas essayer les transports durables pour ses déplacements?

Je crois que la culture du cyclisme utilitaire prend de l’importance à Québec. Je fais du vélo 12 mois par année depuis 2012 et j’ai remarqué une nette augmentation de cyclistes se joignant à cette culture. Il est certain qu’il faut être prêt à toutes conditions météorologiques, mais une fois qu’on en fait l’essai, on y prend goût et on l’adopte.

Pour ce qui est des entreprises, il s’agit de bien définir sa clientèle, parce que le vélo a ses limites en termes de poids et de distance. C’est plus écoresponsable oui, mais pas toujours plus efficace. La voiture électrique demeure donc un bon complément pour les plus grandes distances et les gros volumes de livraison ou de matériel à transporter. Il faut alors trouver un compromis entre efficacité de temps, de coûts et de respect de l’environnement.

5. Souhaiteriez-vous partager une anecdote, ou encore un coup de cœur par rapport à votre trajet en transport durable?

Il est certain qu’en temps de COVID-19, les gens sont plus craintifs. Ils sont cependant très reconnaissants d’avoir la chance d’encourager leurs commerces locaux tout en restant en sécurité à la maison, d’autant plus que la livraison se fait de manière écologique. Cette reconnaissance envers notre travail est très motivante et m’encourage à poursuivre.

Ce n’est pas toujours facile comme métier, le nombre de fois où j’ai dû pousser le vélo dans les bancs de neige, et rouler à – 25 degrés Celsius en hiver. Un de mes collègues coursiers a déjà fait une crevaison à cette température et a essayé de changer ses pneus, mais il m’a demandé de lui venir en aide car il avait les doigts trop gelés. L’entraide devient donc essentielle. De manière générale, je me considère choyé d’être payé pour être en plein air et circuler dans la plus belle ville au Canada. J’ai vécu à Montréal, à Toronto et sur l’île de Vancouver, mais rien n’est comparable à Québec. Chaque quartier est unique et a son charme, je ne pourrais pas demander mieux.